vendredi 25 novembre 2005 par Agostino Petrillo
Dans la dernière décennie des écrits pertinents ont été produits sur les métropoles. Le grand problème qui est au coeur de ces écrits c’est le lien entre le processus de mondialisation et le développement des villes.
Introduction
Je suis ici ce soir pour parler de théories de la métropole. Il faut dire avant tout que ces théories n’existent pas. Tout ce que nous avons, ce qui fera l’objet de ma communication, sont des fragments, des ébauches de théorie, qui sont bien loin de donner une image complète du développement actuel des grandes et très grandes villes et de leurs relations réciproques. La théorie des métropoles actuelles est en bonne partie encore à écrire. Il y a un retard de la réflexion et une crise généralisée des paradigmes interprétatifs.
Dans la dernière décennie des écrits pertinents ont été produits sur les métropoles. Le grand problème qui est au coeur de ces écrits c’est le lien entre le processus de mondialisation et le développement des villes. On a évoqué souvent la mondialisation comme la cause d’un changement des villes qui est encore difficile à déchiffrer, et dont seulement les conséquences sont évidentes. On a constaté empiriquement des phénomènes tout à fait nouveaux : le progressif détachement de certaines villes de l’arrière pays national, la croissance de villes-Géantes dans les pays moins développés, la crise et le déclin des vieux centres industriels dans les pays développés. Je n’ai pas envie d’ennuyer avec des chiffres, mais il faut souligner que nous avons été dans les dernières deux décennies témoins d’un changement énorme dans l’urbanisme mondial. La crise urbaine que nous sommes en train de traverser a des proportions inouïes.
La population urbaine de la planète s’est accrue de 1000 millions d’habitants entre l’an 1980 et l’an 2000. Dans l’année courante, le 2005, la partie de l’humanité qui vit en ville est pour la première fois de l’histoire supérieure à la partie qui vit à la campagne. Le troisième millenium s’annonce donc comme une époque d’agglomérations urbaines géantes et, comme a répété maintes fois Kofi Annan d’urbanisation de la planète. Au commencement du vingtième siècle seulement quatre métropoles comptaient plus d’un million d’habitants, aujourd’hui 372 métropoles ont plus d’un million et 45 ont plus que cinq millions. Mais il s’agit d’une crise dans laquelle l’aspect démographique n’est pas le seul important, mais qui concerne économie, politique et culture, il s’agit d’une véritable « crise de civilisation ». On pense aujourd’hui que la mondialisation est en train d’engendrer une géographie de la centralité et de la marginalité complètement nouvelle, qui exige une rupture nette avec les vieux concepts de centre/périphérie, Nord et Sud, Est et Ouest. En particulier dans la littérature a été remarqué beaucoup de fois que les transformations des dernières décennies ont produit une nouvelle hiérarchie des villes, qui a au sommet un réseau de villes dominantes, appelées selon certaines théories World Cities, villes mondiales, selon d’autres Global Cities, villes globales. Ce réseau de villes constituerait le véritable coeur d’un capitalisme de plus en plus décentralisé, « rhizomatique », sans coeur.
Mais jusqu’à maintenant la recherche à l’égard du fonctionnement de ce réseau, du World Cities System a été plutôt « impressionniste », à cause principalement de la faiblesse des données pertinentes et de la faiblesse des indicateurs utilisés pour déterminer la domination et les relations des villes dans la hiérarchie mondiale. Malheureusement les recherches empiriques ont été limitées, et la plus grande partie de la production sur ces sujets s’est limitée à répéter des hypothèses dérivées des écrits célèbres sur la question. Par exemple la dominance de Londres, de New York et de Tokyo a été maintes fois répétée, mais jamais démontrée d’une façon définitive.
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