S E M I N A I R E

LA SOCIOLOGIE PEUT-ELLE RASSURER LA VILLE ?

jeudi 24 novembre 2005 par Anne Querrien

Cette sociologie urbaine éclatée forme deux figures modales. L’une insiste sur la défaite de la pensée et du lien social face à la prégnance croissante des risques.

En 1968 s’enseignaient au département de sociologie de Nanterre toutes les raisons d’être optimistes : l’homme était un animal social raisonnable qui développait rationnellement sa stratégie au sein d’un système d’acteurs délibé¬rément limité [Crozier, 1970, 1979] ; l’industrie était une grande machine à intégrer l’ensemble de la société grâce à des négociations collectives qui tiraient profit des mouvements sociaux pour améliorer le système [Touraine, 1965, 1969, 1973] ; la ville était un lieu de vie qui libérait par sa diversité [Henri Lefebvre, rééd. 2000] ; la sociologie américaine avait inventé un formi¬dable appareil méthodologique capable de décrire toutes les situations [Manuel Castells commentant Boudon et Lazarsfeld, 1969].

Certes ce résumé a quelque chose de caricatural, mais il explique le désarroi d’étudiants qui constataient qu’au même moment au Vietnam, comme avant en Algérie, le pouvoir ration¬nel des villes était plus que contesté, battu, par la révolte des campagnes et par l’affirmation qu’une même rationalité n’est pas valable pour tous, ou alors doit être développée à partir de centres différents.

La sociologie urbaine française me semble être née de cette faille, aux orientations multiples, qui s’est ouverte dans un discours traditionnellement sécurisant : ne vous inquiétez pas, la société se reproduit, s’auto-institue grâce aux procédures constitutives de la démocratie, et s’il arrive temporairement quelque conflit, le savoir-faire de la négociation saura en venir à bout.

Qu’est- ce qui reste quand l’image unifiée de la société s’effrite : l’espace matériel, phy¬sique dans lequel elle se développe, la ville et/ou le territoire national ; et la spatialisation des concepts s’est mise à proliférer. Qu’est-ce qu’il faut quand il n’y a plus place pour la pensée unique : développer plusieurs paradigmes ; et la sociologie éclate en micro-écoles concurrentes, mises en compétition en delà de leurs hypothèses propres par la diligence et les divisions administratives de leurs commanditaires étatiques.

Cette sociologie urbaine éclatée forme deux figures modales. L’une insiste sur la défaite de la pensée et du lien social face à la prégnance croissante des risques.

L’autre explore l’hospitalité traditionnelle et les pouvoirs nouveaux de la ville face à l’insécurité.

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Anne Querrien
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