samedi 26 novembre 2005 par El Mouhoub Mouhoud
De même, la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) favorise la mise en œuvre d’une forme spécifique de fragmentation de la chaîne de valeur dans les services, comme l‘a illustré le débat récent sur les délocalisations des centres d’appel.
Dans la littérature récente sur les délocalisations industrielles et la répartition mondiale des activités productives au sein des secteurs, des filières industrielles ou des firmes, on évoque souvent la notion de modularité ou de fragmentation de la chaîne de valeur (Baldwin et Clark, [2000], Frigan, [2004], Fontagné et alii [2004]). La modularisation relève d’une démarche visant à décomposer les systèmes complexes. Le produit final est décomposé en une série de sous-systèmes reliés les uns aux autres par des interfaces standardisées1. La baisse des coûts de transaction favorise la fabrication séparée des fragments de processus productifs et leur localisation dans des pays différents.
De même, la diffusion des nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) favorise la mise en œuvre d’une forme spécifique de fragmentation de la chaîne de valeur dans les services, comme l‘a illustré le débat récent sur les délocalisations des centres d’appel. Néanmoins, cette liberté de séparer la fabrication des différents modules est limitée par les contraintes d’interdépendance fonctionnelle entre les différents segments dans les phases de pré-assemblage et d’assemblage.
En réalité, ces aspects sont connus depuis longtemps en France sous la dénomination de décomposition ou division internationale des processus productifs (DIPP) à travers les travaux de Lassudrie-Duchêne [1982], prolongés par Fontagné [1991], Mouhoud (1993), Moati et Mouhoud [2000]2. L’un des apports de Bernard Lassudrie-Duchêne est d’avoir compris et expliqué, il y a déjà plus d’une vingtaine d’années, le fait que la spécialisation internationale et les avantages comparatifs des nations ne doivent pas être observés seulement au niveau des produits finals mais aussi au niveau des morceaux des processus de production concourant à la fabrication d’un bien final. Dans son article de 1982, puis dans un ouvrage de 1986, Importation et production nationale, coécrit avec Berthélémy et Bonnefoy, Bernard Lassudrie-Duchêne démontre, dans un cadre ricardien, l’existence d’un gain à l’échange international spécifique, observé au niveau des segments des processus productifs.
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