mardi 30 novembre 2021 par Michèle Collin , Thierry Baudouin
Le rapport de l’architecture avec ce qu’on appelle les grands projets urbains confirme le rôle toujours plus déterminant d’une politique du spectacle dans l’affirmation de chaque cité mais, bien plus avant, révèle surtout les formes démocratiques dont les métropoles ont désormais impérativement besoin pour assumer leur nouveau rôle dans la société post-industrielle.
Les nouvelles formes de démocratie dans la métropole s’affirment aujourd’hui en Europe en relation concrète avec de grandes opérations architecturales. De multiples groupes y affirment leurs besoins spécifiques dans la vision de la ville qui leur est propre. L’actuelle rénovation des Halles constitue de ce point de vue un cas d’école pour analyser les potentialités de glissements progressifs des impératifs de la technologie fordienne vers la geste architecturale spectaculaire, puis des expertises citoyennes qui dessinent d’autres besoins jusqu’ici ignorés par l’institué. Dans ces mutations, les dimensions à la fois technique et esthétique de l’architecture lui permettent de focaliser les échanges entre ces multiples points de vue dans la ville. La situation parisienne permet aussi de mettre en évidence les fortes pesanteurs de son système étatique par rapport à d’autres métropoles européennes.
Le rapport de l’architecture avec ce qu’on appelle les grands projets urbains confirme le rôle toujours plus déterminant d’une politique du spectacle dans l’affirmation de chaque cité mais, bien plus avant, révèle surtout les formes démocratiques dont les métropoles ont désormais impérativement besoin pour assumer leur nouveau rôle dans la société post-industrielle. Il faut insister d’entrée sur le même fondement d’ordre proprement politique de toutes les mutations urbaines, économiques et démocratiques qui affectent ces métropoles au sein de l’actuelle mondialisation : la mise en réseaux par le capitalisme cognitif des compétences et énergies que ces cités concentrent suscite en leur sein de nouvelles coopérations pour des innovations propres à la cité. Les dimensions à la fois technique et esthétique de l’architecture lui permettent de focaliser nombre des échanges de ces multiples points de vue issus de la ville qui cherchent de nouvelles formes de gouvernances.
À l’exemple des Halles, tous les grands projets sont ainsi à l’articulation de cette nécessaire gesticulation architecturale de la cité pour s’imposer dans la globalisation avec l’apparition en son sein de nouvelles formes démocratiques. Le transfert d’une régulation étatique vers des choix propres à chaque territoire métropolitain pour la création de valeur correspond à cette rappropriation par la société civile de la gesticulation, issue de la géostratégie directement militaire, pour la nouvelle géoéconomie des territoires qui nécessite de nouvelles gestes architecturales des métropoles. Ces grands projets architecturaux au sein des villes révèlent ainsi en même temps l’affirmation d’autres points de vue, d’autres usages de l’espace commun, qui s’avèrent pouvoir constituer une formidable richesse pour la métropole où ils peuvent s’exprimer.
L’actuelle rénovation des Halles constitue dans cette optique un cas d’école pour analyser les potentialités de glissements progressifs des impératifs de la technologie fordienne vers la geste architecturale spectaculaire, puis la démocratie productive des expertises citoyennes qui dessinent d’autres besoins jusqu’ici ignorés par l’institué. D’autant que la qualification parisienne de capitale met aussi en évidence les fortes pesanteurs du système étatique sur ces mutations par rapport à d’autres métropoles européennes.
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