dimanche 21 août 2005 par Dominique Meda
Voilà le terme important lâché : l’économiste ne cherche pas la - vraie - définition de la richesse, il sait même que s’il tentait de chercher quelque chose qui s’apparenterait à un - bonheur global brut - ce serait bien plus compliqué.
Bref retour historique sur notre actuelle notion de « richesse »
Il fut un temps où les économistes osaient encore employer ce terme de richesse : en 1820, Malthus publie ses Principes d’économie politique dont le premier chapitre est exclusivement consacré à la question de la définition de la richesse. Le texte s’ouvre par la théâtralisation de l’opposition entre deux courants de pensée : ceux qui ont donné une définition trop restrictive de la richesse (Les Physiocrates) et ceux qui ont donné une définition trop extensive et pensent que la richesse est : « tout ce que l’homme désire comme pouvant lui être utile et agréable ». « Cette dernière définition, précise Malthus, embrasse toutes les choses, matérielles ou intellectuelles, tangibles ou non, qui procurent de l’utilité ou des jouissances à l’espèce humaine ». Malthus va résolument critiquer cette dernière définition. Pourquoi ?
Parce que, argumente-t-il, nous ne pourrons « aborder aucune discussion sur l’accroissement relatif de la richesse chez les différentes nations si nous n’avons un moyen quelconque, quelque imparfait qu’il soit, d’évaluer la somme de cet accroissement ». Voilà le terme important lâché : l’économiste ne cherche pas la « vraie » définition de la richesse, il sait même que s’il tentait de chercher quelque chose qui s’apparenterait à un « bonheur global brut » ce serait bien plus compliqué. Il cherche un moyen de permettre à chaque nation d’exhiber sa puissance et plus précisément d’exhiber, chaque année, et de la manière la plus précise possible, la manière dont sa richesse s’est accrue. Il cherche également, cela est clair, à stabiliser et à légitimer la science qui s’occupera de cette mesure.
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