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Décomposition internationale des processus productifs, polarisations et division cognitive du travail
vendredi 2 décembre 2005, par
De même, la diffusion des nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) favorise la mise en œuvre d’une forme spécifique de fragmentation de la chaîne de valeur dans les services, comme l‘a illustré le
débat récent sur les délocalisations des centres d’appel.
Dans la littérature récente sur les délocalisations industrielles et la répartition mondiale des
activités productives au sein des secteurs, des filières industrielles ou des firmes, on évoque
souvent la notion de modularité ou de fragmentation de la chaîne de valeur (Baldwin et Clark,
[2000], Frigan, [2004], Fontagné et alii [2004]). La modularisation relève d’une démarche
visant à décomposer les systèmes complexes. Le produit final est décomposé en une série de
sous-systèmes reliés les uns aux autres par des interfaces standardisées1. La baisse des coûts
de transaction favorise la fabrication séparée des fragments de processus productifs et leur
localisation dans des pays différents.
De même, la diffusion des nouvelles technologies de
l’information et de la communication (NTIC) favorise la mise en œuvre d’une forme
spécifique de fragmentation de la chaîne de valeur dans les services, comme l‘a illustré le
débat récent sur les délocalisations des centres d’appel. Néanmoins, cette liberté de séparer la
fabrication des différents modules est limitée par les contraintes d’interdépendance
fonctionnelle entre les différents segments dans les phases de pré-assemblage et d’assemblage.
En réalité, ces aspects sont connus depuis longtemps en France sous la dénomination de
décomposition ou division internationale des processus productifs (DIPP) à travers les travaux
de Lassudrie-Duchêne [1982], prolongés par Fontagné [1991], Mouhoud (1993), Moati et
Mouhoud [2000]2. L’un des apports de Bernard Lassudrie-Duchêne est d’avoir compris et
expliqué, il y a déjà plus d’une vingtaine d’années, le fait que la spécialisation internationale
et les avantages comparatifs des nations ne doivent pas être observés seulement au niveau des
produits finals mais aussi au niveau des morceaux des processus de production concourant à
la fabrication d’un bien final. Dans son article de 1982, puis dans un ouvrage de 1986,
Importation et production nationale, coécrit avec Berthélémy et Bonnefoy, Bernard
Lassudrie-Duchêne démontre, dans un cadre ricardien, l’existence d’un gain à l’échange
international spécifique, observé au niveau des segments des processus productifs.
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